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Béatrice Fedor

Béatrice FedorA dix huit ans, j’ai commencé mes études et je suis tombée enceinte. Mon copain m’a dit: “tu dois nous débarrasser de ça.” J’étais choquée car je pensais qu’on allait se marier. Tout le monde me disait qu’un bébé m’empêcherait de finir mes études.

 Nous sommes allés à une clinique et j’ai pris le RU486 contre mon gré. Dans les toilettes, j’ai tiré la chasse sur mon bébé et c’était horrible. Et ça ne m’a pas aidée à finir mes études. Ça fait dix neuf ans et à ce jour, je n’ai pas de diplôme universitaire.

 Après cette IVG, j’ai commencé a être très déprimée et à avoir des crises d’anxiété. J’ai durcit mon cœur et je suis devenue une militante de l’IVG pour pouvoir m’en sortir psychologiquement.

 Sept ans plus tard, je suis encore tombée enceinte. Le père avait le double de mon âge et il me terrorisait. L’avortement était la solution rapide pour nous protéger moi et l’enfant, de l’agresseur.

 Je suis allée à une clinique et avec beaucoup d’anxiété, on m’a endormie. Quand je me suis réveillée, avec du sang sur les jambes, j’ai éclaté en sanglots et j’étais inconsolable. Et j’ai sombré de plus en plus dans la dépression et les idées suicidaires.

 Puis j’ai rencontré mon mari, un homme différent de ceux que j’avais connus. Quand j’étais enceinte de notre premier enfant, mes avortements ont refait surface et la culpabilité était insupportable.

 Avec des sessions de thérapie, j’ai commencé a guérir. Puis je suis allée à un weekend de La Vigne de Rachel et enfin, j’ai pu me pardonner et j’ai trouvé la paix.

 Au lieu de me libérer de deux situations de crise, l’avortement m’a presque détruite. Mais il y a de l’espoir pour toutes celles qui souffrent et c’est pour elles que je veux rompre le silence.

 

Michel et Catherine Hermenjat sur France 2

HermanjatMichel : j’avais 20 ans, tout juste majeur au début des années soixante-dix. Me voilà amoureux de Catherine qui vient de fêter ses 18 ans et qui m’annonce une grossesse. Elle vit cela comme une désobéissance à ses parents auxquels elle a promis de terminer ses études. Convaincu par ma mère que c’est une affaire de femme, je dis à Catherine que son choix sera le mien.

 Catherine : Très tourmentée, je fais le choix douloureux de l’avortement malgré beaucoup d’ambivalence. Michel est à la clinique à mon réveil de l’anesthésie : nous avons de la peine à nous regarder et nous n’osons rien nous dire. Les mois qui suivent sont très délicats. Proches à plusieurs reprises de la rupture, nous nous marions 8 mois après cet avortement. Une petite fille va naître deux ans plus tard avec de grandes complications pour moi. Cela se répète pour les deux enfants qui suivent. Le médecin nous dit que l’avortement a abîmé mon utérus et envisage son ablation.

 Michel : de mon côté je commence à faire souvent le même cauchemar dans lequel je me vois chaque fois échapper à une mort certaine. Chaque année, Catherine fait aussi une  dépression. C’est plus tard qu’elle réalise que c’est chaque fois à la période de l’année où elle a vécu son avortement. Je commence à lire la Bible qui m’a été remise le jour de mon mariage. Un déclic se produit et je fais une démarche de foi. Je commence alors à me dire que j’ai peut-être une responsabilité dans ce qui est arrivé à ma femme ! La prière de l’Eglise dans laquelle nous sommes engagés est exaucée : l’utérus de Catherine est guéri et deux autres enfants naissent sans difficultés.

 Catherine : Pour la guérison psychique et spirituelle, notre chemin sera plus long. Une amie nous propose une thérapie intitulée : « L’espérance est vivante ». Vingt ans après cet avortement, nous avons pu faire notre deuil, une étape nécessaire pour renaitre et vivre la réconciliation dans notre couple et avec nos enfants. Cela nous a apaisés, rassurés et l’impact sur nos enfants a été considérable. Jusque là, ils ne se sentaient pas pleinement le droit d’être en vie. Cela s’est traduit jusque dans les résultats scolaires. La sécurité est revenue dans notre famille. Aujourd’hui, nous  nous engageons pour aider celles et ceux qui sont passés par l’avortement, prévenir les grossesses précoces et soutenir les futurs jeunes parents.

Michel donne son témoignage dans l’émission du 12 mars 2015 “ma femme a décidé d’avorter”,Toute une histoire, sur France 2


Lire aussi le témoignage TV de Michel

Anne-Hélène Frustié

Anne-Hélène_FrustiéEn 1979, je me suis retrouvée enceinte à 18 ans, peu de temps après avoir subi mon premier rapport sexuel. J’étais alors étudiante en khâgne. Je pensais que l’avortement légal était une grande victoire des femmes. Mal informée, sans soutien ni ressources propres, l’IVG semblait la seule option. Je croyais ainsi effacer ma grossesse.

 Je suis arrivée seule à la clinique pour avorter en même temps qu’un couple dont la femme arrivait pour accoucher. J’ai réalisé à ce moment là l’horreur de ma situation. Mais n’ayant pas d’autres issues, je n’ai pas cherché à m’échapper. L’avortement a été pratiqué sous anesthésie genérale. Le réveil, seule dans une chambre a été très pertubant. Une très forte douleur au ventre et les cris de celles qui accouchaient dans les chambres voisines n’a pas été suffisant pour mesurer ce qui s’était passé.

 Rapidement j’ai sombré dans une profonde dépression. Les premières envies de mourir ont commencé. J’ai réagi en travaillant avec acharnement pour refouler la douleur. Pendant de nombreuses années, je n’ai plus eu de problèmes de santé à part 2 hospitalisations pour 2 infections de l’appareil reproductif.

 En 1988, 9 ans après mon IVG, une angoisse insupportable et incompréhensible avec de graves troubles du sommeil s’est installée. Je me suis retrouvée incapable de continuer à étudier. J’ai échoué à l’agrégation de sciences sociales. J’avais pourtant été admissible à ce concours l’année précédente.

 En 1990, 11 ans après mon IVG, les troubles de santé se sont aggravés. j’ai été hospitalisée à plusieurs reprises pendant 3 ans. Je souffrais d’une alternance de dépression suicidaires et d’épisodes d’hyper excitation où je cherchait à échapper à une mort imminente. Le médecin a diagnostiqué une maladie génétique incurable. Une médication quotidienne à vie m’a été prescrite.

 En 1995, après la naissance d’un fils, des cauchemars récurrents se sont succédés. Je me voyais jeter un bébé à la mer où enterrer un bébé vivant. Pour les 3 mois de mon fils, une petite phrase a mis fin en une seconde à 16 ans de déni sur mon ivg. La petite phrase était « il n’y a pas de plus bel amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». J’ai réalisé que j’avais fait le contraire en avortant. J’ai réalisé que depuis des années je revivais inconsciemment la destruction violente de la vie de mon premier enfant à l’âge embryonnaire. La perte de toutes les années qu’il aurait vécu sans l’IVG : perte infinie, souffrance infinie, jamais encore intégrée, jamais pleurée.

 La guérison est venue progressivement. La foi découverte en 1994, l’amour inconditionnel de mon mari rencontré 10 ans après l’IVG, l’amour de nos enfants et l’amour de tous ceux qui m’ont écouté, ont été déterminants. En faisant le deuil douloureux du bébé que je ne tiendrai jamais dans mes bras, tous les symptômes de ma soi-disante maladie incurable ont disparu. En 1999, j’ai pu arrêter définitivement la médication quotidienne commencée 10 ans avant.

 L’aide de toutes les autres personnes post-abortives a ensuite été nécessaire pour continuer à guérir. A partir de 1999, prendre un rôle actif dans ma guérison et dans celle des autres dans des programmes post avortement tels que la Vigne de Rachel, une Saison pour Guérir ou l’Espérance est Vivante m’a aidée à quitter définitivement le sentiment d’impuissance lié à mon IVG. En témoignant de mes regrets d’avoir avorter, j’ai pu commencer à porter des fruits de vie pour d’autres.

J’ai choisi de rompre le silence pour redonner espoir à toutes les personnes brisées ou blessées par l’avortement.


3 minutes en vérité avec Anne-Hélène… par famillechretienne